Dr Dominique BOUTE
Dans l’obésité sévère, la chirurgie bariatrique (anneau gastrique modulable, sleeve gastrectomie, bypass gastrique) a démontré une réelle efficacité dans la perte de poids et dans l’amélioration des complications liées à l’excès pondéral : correction d’un diabète, correction d’un syndrome d’apnées du sommeil, amélioration des conditions cardiorespiratoires, de l’hypertension artérielle, amélioration de la qualité de vie… Les bénéfices sont majeurs et lorsque l’on respecte les critères d’éligibilité, le rapport Bénéfice/Risque est totalement favorable, c’est à dire que le risque que l’on prend en se faisant opérer est compensé par le bénéfice que l’on va tirer de l’intervention.
Si la chirurgie a de tels impacts, pourquoi faut-il alors se préparer à une telle l’intervention ? La chirurgie n’est-elle pas suffisante en elle-même ? Qu’est-ce qu’une préparation ? Quel est son intérêt ? Est-ce juste pour mériter de se faire opérer ?
Le corps peut toujours reprendre ses droits
La justification de la préparation à la chirurgie bariatrique vient du fait que l’effet de la chirurgie n’est en aucun cas définitive et que, quelle que soit la technique chirurgicale, il y a un risque de reprise de poids sur le long terme. Le corps a toujours la capacité de s’adapter…
Un des objectifs de la préparation à la chirurgie bariatrique est finalement de tout faire pour que ce qui a été à l’origine du problème avant, ne le redevienne après ! En effet, la chirurgie bariatrique par son effet « mécanique » va déclencher la perte de poids. On peut bien imaginer qu’après avoir enlevé les 2/3 d’un estomac comme dans une sleeve gastrectomie, on n’a pas vraiment envie de manger. D’autant plus que l’intervention diminue la production de la ghréline qui est l’hormone produite par l’estomac qui donne l’envie de manger.
Donc, il n’y a pas photo : une chirurgie bariatrique, cela fait maigrir… Mais après ? Que se passe t-il quand les sensations reviennent ? Que se passe t-il quand le stress réapparait sortie de la « lune de miel » de l’amaigrissement rapide et de ce côté euphorisant du changement ?
C’est la que la préparation que vous avez pu faire pourra venir à votre secours. Les éléments fondamentaux de cette préparation peuvent, à mon sens, être résumés en 4 grands piliers.
Premier pilier : tirer les leçons de son histoire
Deuxième pilier : intégrer la démarche dans une véritable conduite de changement.
Troisième pilier : travailler les éléments qui ont pu être à l’origine du problème.
C’est là que l’approche comportementale prend tout son sens avec ses 3 grands éléments :
Quatrième pilier : la place de l’activité physique
L’activité physique est un élément fondamental de la stabilité pondérale mais aussi une bonne façon de reprendre contact avec son corps. Cela fait partie du travail de changement.
Bilan préopératoire ne veut pas dire préparation
La préparation à la chirurgie bariatrique est une véritable démarche d’accompagnement dans le changement. C’est la démarche qui devrait être la référence de toute prise en charge médicale d’un problème de poids. Elle est différente des bilans d’évaluation préopératoire indispensables avant la chirurgie (digestive, cardiovasculaire, psychologique, respiratoire, dentaire, métabolique, endocrinienne…). Evaluation ne veut pas dire préparation. La préparation est une démarche active que vous initiez pour commencer à changer et donner au projet chirurgical toute sa réussite, en particulier sur le long terme. Le changement commence dès le début de la prise en charge et pas seulement à partir du moment où l’on a été opéré. C’est là l’enjeu d’une bonne préparation.
Etre prêt ou se sentir prêt
La chirurgie ne résout pas tout. Vous seul disposez des ressources pour changer. La phase de préparation a pour but de vous apporter de nouveaux outils, vous permettre de découvrir et d’apprendre une nouvelle relation à l’aliment et à vous même…
Sur ce point, on voit parfois des patients pressés de se faire opérer… Il n’y a jamais d’urgence à se faire opérer. L’important est d’y être prêt. Mais, c’est quoi être prêt ? A cette question, j’ai parfois des personnes qui me disent : « je suis prêt parce que j’y ai bien réfléchi ». C’est bien sur un élément important mais ce n’est pas que cela être prêt. Etre prêt : c’est avoir intégré le travail comportemental, avoir anticipé les conséquences de la chirurgie, avoir pris conscience de tous les enjeux et les facteurs qui pourraient exposer à un risque de rechute, découvrir que l’activité physique peut redevenir un plaisir…
Bref tous les éléments évoqués ci-dessus qui ne peuvent pas, vous l’avez compris, se résumer à la seule notion de réussir ou pas à « faire régime ». L’enjeu est important et mérite de s’y arrêter le temps nécessaire.
Alors en route pour le changement, le vrai…