Docteur, je ne me suis pas vu(e) grossir…

Dr Dominique Boute

Une réflexion que j’ai entendue de nombreuses fois dans mes consultations. Essayons d’analyser ce qui se cache derrière ce « je ne me suis pas vu(e) grossir… »

La prise de poids progressive…

C’est une première raison… Prendre 1 kg par an pendant 40 ans, c’est avoir un poids strictement normal à 20 ans et atteindre un stade d’obésité à l’âge de 60 ans. 40 kg représente le stockage de 304 000 kcal soit un déséquilibre énergétique de 20 kcal par jour si l’on raisonne de façon arithmétique.

Que représente 20 kcal par jour en terme d’aliments ?

  • 4 grammes de biscuits au chocolat
  • 5 grammes de comté
  • 3 grammes de beurre
  • 10 minutes de marche

Qu’est ce que cela représente concrètement ? Pour avoir une idée, regardez les portions ci-dessous :

Voilà un morceau de comté de 30 grammes…

Voilà 50 grammes de biscuits chocolatés… (1 petit paquet de biscuits fourrés).

Tout ceci pour vous montrer que l’on peut très facilement déséquilibrer sa « balance énergétique » et si on a une tendance à grossir facilement, la situation peut progressivement s’aggraver sur le long terme. 70 kg pour 1,78 m à 20 ans : c’est un poids normal (IMC à 23 Kg/m2) ; 110 kg à 60 ans : c’est une obésité (IMC à 34,7 kg/m2).

Comme la prise de poids progressive, on s’adapte à la situation… 1 kg par an, on ne s’en aperçoit pas… Le problème quand on a tendance à grossir facilement, c’est que notre corps peut se laisser « grossir ». Si l’on ne porte pas un « oeil » sur soi, le corps ne le fait pas pour nous. De plus, avec le temps, on arrête volontiers le sport ce qui fait que le besoin d’être « bien physiquement » n’est plus aussi important qu’avant… On continue à se laisser grossir jusqu’au jour où un signal d’alerte va apparaître et en particulier un problème de santé. Et là les médecins vont commencer à dire : « Il faut maigrir ».

Ce schéma est beaucoup plus souvent observé chez les hommes qui ne subissent pas la même pression « pondérale » que les femmes mais chez qui les conséquences du surpoids sont tout aussi si ce n’est plus importantes.

La prise de poids rapide…

C’est alors un contexte totalement différent… Je vois assez régulièrement des patientes (car c’est plus souvent chez les femmes) qui me disent de ne pas s’être vue grossir et pourtant avoir pris rapidement du poids : par exemple et ce n’est pas rare 20 kg en 2 ans…

Prendre 20 kg en 2 ans, c’est quand même un changement du corps extrêmement important. Comment ne pas s’en apercevoir ? De l’extérieur, on peut se poser la question : Est-ce que mon patient se moque de moi ? Comment est ce possible ? Est-ce un déni ? Quel est le problème ? Je me suis souvent posé la question… Une réponse peut à mon sens venir d’un mécanisme d’adaptation du corps que l’on appelle la dissociation : « Je me déconnecte de ce que je ne peux pas intégrer, de ce qui me fait souffrir ».

Pour comprendre : le processus de dissociation

Lorsque je subis un événement traumatisant, la première réaction est fuir ou combattre. Si la fuite ou le combat ne sont pas possibles, la réaction de mon corps sera de se dissocier autrement dit mon cerveau se déconnecte pour se protéger : se dissocier pour ne plus souffrir. C’est dans ces situations que l’on entre dans une forme de survie où l’on va développer une « partie apparemment normale » de notre personnalité qui va occulter les parties contenant les vécus traumatiques ce que l’on appelle les parties émotionnelles.

En fait, cette tendance dissociative peut devenir un mécanisme privilégié de la régulation émotionnelle. C’est ce que l’on voit par exemple chez les enfants qui ont vécu des traumatismes ou vécu des troubles de l’attachement et dont la seule possibilité de survie a été de se « déconnecter », de se dissocier de la situation. Ainsi, confronté à des charges émotionnelles, le corps se dissocie facilement. On retrouve fréquemment ce mode de fonctionnement chez les personnes qui disent « je ne me suis pas vu(e) grossir ». Quand on retrace l’histoire pondérale, on retrouve très souvent des déclencheurs émotionnels au décrochage du poids : deuil, violence, harcèlement, burn-out…

Ne plus ressentir, pour ne plus souffrir

Le problème quand on se dissocie, c’est que l’on ne ressent plus. C’est une porte qui s’ouvre alors sur les compulsions alimentaires avec le besoin de se remplir. C’est également un problème si l’on veut être à l’écoute de son propre besoin. Comment être à l’écoute du corps, si l’on est déconnecté de son corps ?

A nouveau, on retrouve, derrière tout cela, un problème de régulation émotionnelle. Cela revient à notre leitmotiv : s’apaiser pour changer. Revenir dans sa fenêtre de tolérance émotionnelle pour se rendre à nouveau disponible à soi, à nouveau disponible à l’écoute.

Comment revenir dans sa fenêtre de tolérance émotionnelle ?

C’est la place des outils de régulation émotionnelle que sont l’autohypnose, la méditation pleine conscience, la cohérence cardiaque. C’est aussi faire des choses pour soi, rien que pour se faire plaisir. C’est retrouver le plaisir de l’instant.

C’est pour cette raison que le premier compagnon de l’Appli DietMotiv® est consacré à l’activation émotionnelle avec des petits exercices pour revenir dans cette fenêtre de tolérance émotionnelle. Comment je me sens là, ici, maintenant ? Cette action est à mener dans le quotidien pour justement éviter de sortir de façon trop fréquente ou trop prolongée de sa fenêtre de tolérance émotionnelle.

Les séances d’autohypnose (les « hypnopauses ») guidée selon leur durée peuvent aider sur le long cours à augmenter la fenêtre de tolérance émotionnelle et permette ainsi de mieux affronter les évènements du quotidien sans se « déconnecter ».

Alors, retrouvez le chemin du ressenti, du plaisir… Un voie qui s’ouvre vers le changement.

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